Né le 29 mars 1962 à Grand-Bassam, Père N’DJA Okouin Pierre avait pour parents N’DJA Okouin Albert et de ALOKOU Affoué Henriette, tous deux originaires de Grand-Bassam. Il était le troisième enfant d’une fratrie de 9 enfants dont 5 garçons et 4 filles.
Il était originaire de Moossou, un petit village situé en bordure de la lagune Ebrié et habité par les Abourés Ehê, dans la ville de Grand-Bassam, au Sud-Est de la Côte d’Ivoire. Pierre aimait bien parler de son village et des racines de sa culture. Il en était fier et invitait quelques fois des amis à y aller lors des grandes célébrations traditionnelles. Car, il faut le dire, Moossou est à moins d’une heure d’Abidjan (environ 50 km).
C’est en 1970, c’est-à-dire à l’âge de 8 ans que Pierre fit ses premiers pas dans l’éducation formelle. Ses connaissances de base sont sanctionnées, en 1976, par l’obtention du certificat d’études primaires et élémentaires (CEPE) à l’Ecole Primaire Publique de Koumassi-Biétry.
Il commença ses premiers pas dans le secondaire à partir de 1977 au Collège Moderne de l’Autoroute de Treichville, à Abidjan où il obtint son Brevet d’Etude du Premier Cycle (BEPC) en 1981. Ensuite, il continua ses études secondaires au Lycée Classique d’Abidjan, à Cocody où il décrocha son baccalauréat, série D en 1985.
Pour les études supérieures, Pierre s’est orienté tout de suite vers l’enseignement. Il intégra alors le Centre d’animation et de formation pédagogique (CAFOP) supérieur de Korhogo, au Nord de la Côte d’Ivoire en 1985, où il obtint son Diplôme d’Instituteur Stagiaire (DIS) en 1987. Il est envoyé à Zouan Hounien, à la frontière Ouest entre la Côte d’Ivoire et le Libéria, où il enseigna dans l’Inspection de l’Enseignement Primaire de ladite ville. Il y obtint son Certificat d’Aptitude Pédagogique (CAP) en 1988. Il continua à exercer à Zouan Hounien en tant qu’instituteur avant de demander une affectation pour Abidjan. Finalement, il fut affecté dans un village de Bingerville (Adjamé-Bingerville), près d’Abidjan. Il y enseigna jusqu’à son entrée au Postulat en 1993.
L’engagement chrétien de Pierre remonte véritablement à l’âge de 15 ans, alors qu’il était au secondaire. Il commença la catéchèse qui aboutit au baptême, puis à sa première communion le 27 avril 1980, à la paroisse Notre-Dame d’Afrique de Biétry. Il fut baptisé par le P. Florian Royer-Chabot, Prêtre Marianiste (le P. Robert ALMERAS, Marianiste, étant le curé d’alors).
L’année suivante, le 24 mai 1981, Pierre reçut la confirmation par les mains de Mgr Paul DACOURY-TABLEY, évêque auxiliaire d’Abidjan, à la Paroisse Notre Dame du Perpétuel Secours de Treichville (Abidjan).
A la paroisse Notre-Dame d’Afrique, Pierre fut un membre actif de plusieurs mouvements ou groupes paroissiaux notamment le groupe liturgique, le groupe de vocation, le renouveau charismatique et enfin les Fraternités Marianistes.
A 31 ans, lorsqu’il fit son entrée au Postulat, Pierre est un jeune-adulte, qui a une expérience religieuse et professionnelle.
C’est depuis l’année 1988, alors qu’il exerçait son métier d’enseignant dans le primaire, que Pierre pensait à se donner à Dieu. Ce désir se renforça à partir de 1991. Alors, il entreprit un cheminement vocationnel qui l’emmena à rencontrer successivement le curé de la paroisse St Augustin de Bingerville, l’abbé Tilo Jean-Baptiste, deux jésuites, les Pères Damon et Vincent Fulgencio, un dominicain, le curé de la paroisse Notre Dame d’Afrique, le Père Marcel Boisselier (Marianiste) et le responsable du Noviciat au Collège Notre Dame d’Afrique, le Père Léo PAUELS. Après la triste nouvelle du décès de Pierre, le Père Léo fit cette anecdote : « J’étais maître des novices à Notre-Dame d’Afrique. Un jour je reçois la visite de deux jeunes hommes venant de Bingerville. Tous les deux étaient instituteurs. L’un d’eux était Pierre Okouin. Il avait fait l’Ecole normale et était titulaire de son diplôme d’Instituteur. Il avait même été directeur d’une école primaire du côté de la frontière du Libéria. Il souhaitait devenir marianiste. Il semblait avoir le profil d’un bon frère enseignant marianiste et j’ai donné suite à sa demande. Plus tard je l’ai retrouvé au Noviciat. Comme il était plus âgé que la moyenne, les autres l’avaient surnommé « Noko » (tonton, en lingala). Et ce surnom lui est resté comme signe d’affection et de respect. »
Ainsi, sa rencontre avec les Marianistes débute à la Paroisse Notre Dame d’Afrique de Biétry. En effet, c’est dans cette paroisse qu’il a été baptisé et qu’il a fait sa première communion. Il affirmera plus tard que parmi l’éventail des ordres religieux masculins que lui avait présentés son curé, les Marianistes étaient ceux qui comptaient le plus dans son cheminement vocationnel.
C’est ainsi que Pierre devint un aspirant marianiste, puis un postulant de 1993 à 1994. Il est admis l’année suivante pour commencer son Noviciat. Il est de la 16ème promotion des novices marianistes du Noviciat Notre-Dame del Pilar, à Abidjan (1994 à 1996). Ils étaient quatre (4).
Au Noviciat, il a passé par une crise sérieuse. Toutefois, il est parvenu à s’abandonner et à se laisser faire par le Seigneur. Découvrant ainsi une des caractéristiques du Père Chaminade, la patience ; et une vertu de Marie : l’écoute du Seigneur. Pierre a certainement découvert la spécificité de la vocation religieuse et a choisi de s’engager dans cette voie.
Il fit sa première profession religieuse le 30 juin 1996, à Abadjin-Doumé (Abidjan). Ensuite, il fut au scolasticat Saint Joseph d’Abidjan de 1996 à 1998. Pendant ce temps, il étudia la philosophie. C’est en 1999 qu’il obtint sa Licence en Philosophie, à l’Institut Catholique de l’Afrique de l’Ouest (ICAO).
Il affuta ses armes de missionnaire marianiste successivement dans les communautés du Sanctuaire Marial et du Collège Notre Dame d’Afrique. Il participa à la pastorale de ces communautés et œuvres ; il accompagna plusieurs jeunes pour la vocation marianiste, puis il fut responsable du Prénoviciat avant de partir à Rome pour la formation théologique après les vœux définitifs le 2 juin 2001, à Moossou, dans son village natal.
De 2001 à 2004, Pierre continua ses études théologiques à l’Université Pontificale Grégorienne (Rome) étant au Séminaire international marianiste, à Rome. Ses études sont sanctionnées par l’obtention d’un Bac Théologique. De retour à Abidjan, il fut ordonné prêtre de Jésus-Christ, le 25 septembre 2004 à la paroisse Notre-Dame d’Afrique de Biétry par Mgr Paul DACOURY-TABLEY, alors Evêque de Grand-Bassam.
En 2004, il fut le premier directeur de la communauté du Village Chaminade, communauté nouvellement créée. Il y sera jusqu’en 2007 alors qu’il poursuivait ses études de théologie, à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO) à Abidjan. Il y obtint le Master en théologie option dogme (Licence canonique) en 2008 dont le thème était : LA MERE DU REDEMPTEUR ET LA QUÊTE DU SALUT COMME PAIX DANS L’AUJOURD’HUI DE LA CÔTE D’IVOIRE, publié dans Mundo Marianista 6 (2008)150-251.
De 2007 à 2011, le Père Pierre fut en service au Sanctuaire Marial. Il s’inscrit à l’UCAO en vue du doctorat dont il n’a pas soutenu pour des raisons de santé. Dans la même période, il accompagna un groupe de dames qui souhaitent vivre un engagement particulier au service de l’Eglise et pour la cause de la paix. Ce groupe n’a pas été explicitement reconnu par l’église locale vue que le Père Pierre était en cours de sa formalisation.
De 2011 à 2014, le Père Pierre assura la direction du Collège Catholique St Jean-Bosco (Treichville), dont il était le 4è directeur marianiste depuis sa fondation. A St Jean-Bosco, le Père Pierre est connu comme un prêtre de Jésus-Christ aux relations humaines très poussées. Un homme discret mais efficace. Il a mis la vierge Marie et son fils Jésus au cœur du collège par le slogan : « Bosco ! PAIX ! JOIE ! FRATERNITE ! MEILLEURS RESULTATS ! AVEC JESUS ET MARIE, TOUT EST POSSIBLE ! »
A partir de 2014, alors qu’il est affecté au Noviciat Marianiste comme membre de l’équipe de formation, il entama une crise d’hypertension et de diabète qui occasionnera l’amputation de la jambe gauche.
Avec sa santé fragile, il est affecté au Village Chaminade de 2015 à 2019. Entretemps, la crise persistante, il subit des soins à Bordeaux de Mars à Octobre 2018.
En 2019, le Père Pierre était affecté au Collège Notre-Dame d’Afrique. Il continua de lutter avec sa santé fragile. Malheureusement, dans l’après-midi du mardi 2 Juin 2020, Pierre nous quitta brutalement d’une crise cardiaque. Il a été transporté d’urgence à la clinique de son médecin traitant, mais celui-ci n’a pu que constater le décès. Pierre a rejoint la demeure du Père entre la Pentecôte et la Trinité, et achève ainsi, bien entouré, une vie offerte dans la vie consacrée et le sacerdoce.
Ainsi, le Père Pierre devint le 1er prêtre marianiste africain décédé. On retient qu’il était un frère soucieux de la célébration des fêtes patronales et anniversaires. Il ne manquait pas de le rappeler à tous ceux qui avaient du prix à ses yeux tant au sein de la famille marianiste qu’au niveau de ses connaissances.
En outre, Pierre a toujours rappelé à ses frères la bonne orthographe de son nom « OKOUIN ». En effet, plusieurs frères ont à maintes reprises écrits OKOIN au lieu de OKOUIN. La dernière erreur fut même sur quelques annonces de son décès.
Si quelques-uns de ses frères n’ont jamais su bien orthographier son nom, il n’en demeure pas moins que le Seigneur, Lui, connait véritablement le nom de notre Frère. Pierre a été un Frère fier d’être prêtre de Jésus-Christ et d’être compté parmi ses serviteurs.
Que le Seigneur lui accorde la vie éternelle.